La réincarnation est la survivance de l’âme après la mort et sa renaissance dans un nouveau corps. Depuis le développement important du Bouddhisme en occident et aussi par l’intermédiaire d’une littérature très volumineuse au sujet des vies antérieures, la réincarnation est devenue pour tout un chacun une sorte d’évidence spirituelle. Or, comme pour tout ce qui touche au newage en général, la théorie de la réincarnation reste un sujet à caution.

D’une part, on ignore en général d’où vient exactement cette notion de renaissance, y compris du côté bouddhiste. D’autre part, concernant les vies antérieures et le karma, on mentionne rarement ce qu’en pensaient réellement les traditions spirituelles antiques comme l’Hindouisme, la Grèce ou l’Égypte ancienne. Des traditions qui, lorsqu’on les étudie de près, racontent justement tout à fait autre chose que ce dont on nous parle aujourd’hui avec une certaine complaisance.

Dans cet article, nous allons donc faire le point sur la réincarnation, que ce soit en termes historiques ou métaphysiques. Dire ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas au regard des grands principes décrits dans les plus anciennes traditions, tant en orient qu’en occident. De nombreuses surprises nous attendent donc au carrefour de ces divers courants spirituels.

Qu’est-ce que la réincarnation? 

Il semble presque inutile de donner de grands détails sur la réincarnation des âmes. Étant donné que tout le monde a déjà sa petite idée là-dessus. Or, ce n’était pas encore le cas il y a un peu plus d’un siècle environ. En effet, comme nous allons le voir plus loin, l’Occident n’a découvert cette théorie de la réincarnation humaine qu’au 19e siècle. Sous l’impulsion de la théosophie. 

Cependant, voici comment on décrit la chose schématiquement à notre époque. Après la mort, l’âme du défunt survit, et au bout d’un certain temps, elle renaît dans un nouveau corps. Cette répétition se poursuit jusqu’à ce que l’âme ait atteint un niveau de réalisation spirituelle suffisant pour être libérée du cycle infernal des renaissances. C’est le samsara du bouddhisme 

Connaître ses vies antérieures : une recherche à deux vitesses…

Selon les textes originaux des traditions orientales les plus anciennes, la recherche des vies antérieures n’a aucun sens. Car il manque à cette croyance réincarnationniste d’ordre simpliste des éléments de métaphysique fondamentale. Et, à ces époques reculées, ceux-ci n’étaient transmis qu’à certains initiés de hauts rangs. 

Voilà qui explique que beaucoup de bouddhistes, jusqu’à l’heure actuelle, ont ignoré les véritables fondements spirituels sur lesquels s’appuie la doctrine des renaissances de l’âme.

Toutes les traditions spirituelles et religieuses (bouddhisme y compris) ont possédé un ésotérisme. C’est-à-dire un corpus de connaissances réservé à un petit nombre.

Pour le reste des fidèles et des croyants, on a simplement raconté une histoire. Celle-ci fait sens bien sûr. Mais elle n’est en définitive que l’écorce ou la première marche vers une compréhension bien plus vaste. Un élargissement de l’entendement qui, par conséquent, va demander des efforts. 

Or, la théorie de la réincarnation telle qu’elle est expliquée par le newage n’est rien d’autre qu’un début de réflexion sur le thème du sens de la vie et de la mort. Avec sa logique mécaniste et simplette, elle ne peut constituer qu’un premier point de départ. Il doit nous conduire vers une démarche qui va au-delà des apparences et des facilités…

La réincarnation théosophique

Comme il a été précisé plus haut, l’Occident n’a découvert cette théorie de la réincarnation humaine qu’au 19e siècle. Grâce aux publications d’Héléna Blavatsky.

Comme on le sait, la théosophe s’est targuée d’avoir introduit en occident un prétendu bouddhisme ésotérique et secret. Cet enseignement a permis aux Occidentaux intéressés par l’ésotérisme de découvrir des notions intéressantes et jusqu’alors inconnues sur la mystique orientale. 

Mais ces notions ont rapidement subi des déformations graves par le filtre intellectuel de l’Occident. Tout comme celles d’ailleurs qui concernent les chakras du Yoga, dont j’ai parlé dans mon dernier article.

En réalité, le terme et l’idée même de réincarnation n’ont jamais appartenu sous cette forme ni à l’hindouisme ni au bouddhisme. 

Deux erreurs fondamentales

Le mot réincarnation est donc un néologisme récent. Il entraînera deux croyances totalement faussées sur la survivance de la renaissance de l’âme dans les milieux spiritualistes de l’époque.

Premièrement, on a affirmé que c’est l’intégralité de l’identité (donc de l’âme) qui se réincarne. Ce qui est une manière de dire que l’ego passerait entièrement d’un corps à l’autre selon des conditions qui appartiendraient au karma. Et que surtout, il passerait en totalité. 

Or les enseignements originels et fondamentaux des grandes traditions spirituelles sont clairs. Qu’il s’agisse de l’orient ou de l’occident, la mort du corps physique implique une seconde mort. Celle de l’âme. Laquelle correspond plus précisément à un effacement des traces identitaires du défunt

Une sorte de formatage (pour faire une comparaison avec l’informatique), et qui signifie une chose certaine : si migration de l’âme il y a d’un corps dans un autre, en aucun cas il ne s’agit de la personne en tant qu’ego. Ou en tant que moi-je. Parce que c’est précisément cette marque d’identité qui s’efface dans un deuxième temps après le trépas.

Et la deuxième erreur sera d’affirmer que tout le monde se réincarne…

La renaissance de l’âme ne serait ni un dû ni une malédiction

Selon les doctrines spirituelles les plus anciennes, une certaine survivance de l’âme n’est possible que consécutivement à un travail spirituel.  

Par conséquent, la survie de l’âme n’est pas acquise de facto comme on le dit complaisamment dans tous les bouquins de spiritualité grand public. Elle procède en fait d’un effort spirituel fourni dans le cadre d’un travail sur soi. Exactement comme dans le christianisme originel.

Donc quand vous avez des personnes qui affirment (soi-disant preuves à l’appui) être la réincarnation d’untel ou d’unetelle, cela n’est pas conforme aux connaissances spirituelles antiques. Puisqu’il n’a jamais été question qu’une identité puisse migrer d’un corps à l’autre.

Se pose alors une question importante sur la réincarnation humaine : 

Si ce n’est pas l’identité de l’âme elle-même qui se réincarne, alors qu’est-ce qui survit vraiment après la mort? 

Et, par extension, que peut-on penser du devenir de nos défunts et des manifestations surnaturelles qui les impliquent parfois en termes d’apparition et de contacts?

Je pense que dans ce domaine, il est important d’avoir conscience que toutes ces idées sur la vie après la mort sont quand même très séduisantes

Tout d’abord, elles apportent du réconfort en ce qui concerne la plus grande angoisse de l’homme qui est de mourir, tout simplement. Donc, si l’on dit à quelqu’un qui a peur de mourir, qu’au fond il ne mourra pas vraiment et qu’il pourra changer de corps dans une autre vie, cela peut avoir un côté assez rassurant

Plus rassurant sans doute (et plus sexy?) que la perspective judéo-chrétienne dont on disposait jusqu’ici, avec son purgatoire, son paradis et son enfer!

Ensuite, ce qui est angoissant au sujet de la mort, c’est qu’en définitive, mis à part ce que veulent bien nous en dire les systèmes spirituels et les religions, le sens de la vie et de la mort nous échappe. Là encore, la théorie occidentale de la réincarnation pseudo bouddhique fournit une signification simple et très plaisante pour la logique.

A base du fameux karma, on réussit à tout expliquer. Tout au moins jusqu’à ce qu’on s’intéresse en profondeur à des études métaphysiques plus fournies. 

La réincarnation dans les religions

On le voit bien à l’heure actuelle, la réincarnation constitue en occident le joker qui semble cruellement manquer aux grandes religions monothéistes. C’est-à-dire avoir plusieurs vies devant soi pour voir venir… D’un autre côté les grandes religions monothéistes n’en ont cure, car il ne fait pas partie de leurs préoccupations qu’une telle possibilité soit nécessaire. 

Par ailleurs, la théorie de la réincarnation n’est pas rassurante pour tout le monde puisqu’elle constitue plutôt une malédiction pour la plupart des bouddhistes, dont le travail spirituel consiste justement à stopper le cycle des renaissances. 

Cependant, pour ne pas nous perdre, il nous faut voir à présent, de quels types de renaissances il peut s’agir exactement à l’origine.

Réincarnation, métempsychose et transmigration

À l’étude comparée des philosophies spirituelles et religieuses, il apparaît qu’elles ne sont pas toutes d’accord sur l’idée qu’on doit se faire du phénomène post-mortem. 

En revanche, toutes les traditions spirituelles proposent des enseignements eschatologiques comme on l’atteste par exemple dans deux textes antiques très connus. Il s’agit du livre tibétain de la vie et de la mort, et surtout le fameux livre des morts égyptiens.

Ces ouvrages sont très anciens. Ils décrivent chacun à leur manière les étapes du chemin que parcourt l’âme dans les couloirs de l’au-delà après le trépas. 

Or, au regard de ces deux références (et de bien d’autres comme la Pistis Sophia ou encore le corpus platonicien), on s’aperçoit qu’il n’est jamais question de réincarnation, mais plutôt de métempsychose et de transmigration. 

Ces deux termes sont assez peu utilisés de nos jours. Ils traduisent pourtant de façon beaucoup plus exacte la manière dont les Anciens (bouddhistes y compris), abordaient la survie de l’âme

Voici deux exemples, que vous pourrez compléter, si cela vous intéresse, dans la formation complète que j’ai réalisée sur le sujet.

La réincarnation chez Platon

Commençons donc par la Grèce antique avec Platon lequel décrit dans son Phédon un mécanisme de migration de l’âme qu’il intitule métempsychose. Il s’agit d’une vision assez éloignée de la théorie réincarnationniste moderne. Puisqu’il y est question que des éléments psychiques ayant appartenu à une personne soient transférés à une autre après sa mort. Et sans que cela signifie forcément une renaissance obligatoire. 

Pour les Grecs, l’âme pouvait donc migrer vers autre chose qu’un nouveau-né… Ceci prouve, par conséquent, que la mort n’était pas nécessairement au centre du problème évolutif chez les Grecs. Ils envisageaient seulement qu’une mémoire personnelle (valeurs, aptitudes ou tares) puisse continuer d’exister à travers quelqu’un d’autre et trouver dans cette nouvelle incarnation un chemin d’expression ultérieure. 

On se rend bien compte ici que cette vision hellénistique n’explique pas tout, et que les Grecs n’avaient pas du phénomène eschatologique une idée toujours très claire. Moins claire en tout cas que celle des philosophies orientales ou de l’Égypte ancienne. 

Les Grecs n’y croient pas… les hindoues non plus…

Quoiqu’il en soit, cela démontre au moins que la Grèce antique (apparemment héritière des Égyptiens) ne considérait pas possible que le psychisme d’une personne puisse renaître intégralement, et peu importe comment. 

Ce qui est d’ailleurs confirmé par les traditions orientales, puisque, aussi loin qu’on puisse remonter, les textes spirituels de l’Inde protohistorique n’ont jamais utilisé d’autre mot que celui de transmigration pour parler donc de ce qui arrive après la mort. 

En conséquence, ni l’hindouisme ni le bouddhisme originel ne considèrent la transmigration comme le retour naïf d’une âme dans un nouveau corps. On doit cette traduction matérialiste et industrieuse à l’occident du XIXe siècle qui voit des tuyaux partout… 

Par exemple, à l’étude approfondie du bardo thodol, on s’aperçoit que certains éléments ontologiques (donc liés à la conscience — et notamment l’identité du moi-je) disparaissent dans le filtre d’une dissolution progressive. Ce que l’on retrouve dans bien d’autres traditions, et qui est à rapprocher bien évidemment de la seconde mort du christianisme

Une seconde mort (celle de l’âme) qui, je le rappelle, est signalée explicitement dans l’Apocalypse de Saint-Jean, et qui constitue pour les gnostiques le livre des morts occidentaux, précisément.

«Personne» ne se réincarne…

Dans les traditions orientales, il n’y est jamais fait mention de réincarnation, mais d’une réincorporation d’une partie seulement de la conscience. 

Une partie dénuée de toute empreinte mentale, et surtout et de toute identité individuelle.

De fait, si aucun travail spirituel n’a été effectué durant la vie, l’intégralité de la personne se désintégrera progressivement dans le lac de feu des Égyptiens. C’est la seconde mort décrite dans l’Évangile ou dans le bardo thodol, selon une succession de phases, qui dure un certain temps relatif par rapport à notre temporalité terrestre.

Ce décalage peut expliquer les manifestations surnaturelles impliquant les défunts, survenant quelquefois plus ou moins longtemps après la mort.

En revanche, dans le cas où il y aura eu travail spirituel, l’identité égotique s’évanouira elle aussi dans la seconde mort. Mise à part une tranche de conscience qui persistera dans l’au-delà et qui correspond à la partie ontologique ayant établi un lien métaphysique avec le divin ou la lumière spirituelle durant l’existence.

Seule cette partie est susceptible de migrer vers une nouvelle existence pour pouvoir continuer son chemin de divinisation. La plupart du temps, cette nouvelle incarnation se déroulera au sein même de la lignée familiale dominante. C’est en tout cas ce qu’explique l’hermétisme occidental.

La réincarnation bouddhiste

Une autre question se pose : comment se fait-il que les bouddhistes fassent autant cas de la réincarnation? 

Malgré ce qu’on croit savoir, les bouddhistes tibétains (qu’il est important de dissocier par moment des autres bouddhistes du reste du monde), ne parlent historiquement de réincarnation d’une identité qu’à partir du XIIe siècle.

C’est une période charnière dans l’évolution politique du Tibet. 

À cette époque naît la lignée des karmapas, à l’initiative d’un personnage qui s’appelle Dusum Khyenpa. Il fut le premier lama à donner par courrier des instructions précises afin d’être retrouvé dans son incarnation future. Cette nouvelle façon de faire va donc changer radicalement la vision qu’auront les bouddhistes de la réincarnation. 

Les karmapas chercheront par ce biais à consolider leur lignée en choisissant à l’avance le nom de la famille qui donnera naissance au successeur réincarné. Comme on l’imagine, il s’agira toujours d’une famille acquise à la cause de la lignée en question. Le but étant, bien entendu de faire en sorte que l’école de pensée dominante conserve le pouvoir le plus longtemps possible.

Cet épisode marquera un tournant dans l’histoire du Tibet et de la gestion des réincarnations des dirigeants d’école. Il sera trop tard pour revenir en arrière et le Tibet prendra définitivement cette nouvelle habitude qui tourne résolument le dos aux enseignements fondamentaux du bouddhisme indien.

La réincarnation chrétienne…

On ne peut pas décemment parler de réincarnation dans le christianisme. 

Quoi qu’en dise une certaine littérature de nos jours, les chrétiens n’ont jamais été réincarnationnistes au sens où l’entend l’occident aujourd’hui. 

Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il n’existe aucune concordance eschatologique entre l’orient et l’occident. Bien au contraire d’ailleurs. 

On relève en effet un point commun universel à toutes les traditions spirituelles, et qui veut que la mort soit toujours décrite en deux temps. Une mort pour le corps et une autre pour l’âme. Chaque tradition va bien sûr exploiter cette idée selon son symbolisme propre. 

Mais, dans tous les cas, toutes les traditions antiques disent la même chose : ce n’est jamais l’identité terrestre qui jouit d’une forme quelconque de migration d’une vie à l’autre. Mais un composé psycho-spirituel dépersonnalisé, consécutif à un travail intérieur, et que le christianisme, à sa manière, décrit comme une âme fécondée.

En résumé :

Le mot réincarnation est une invention des théosophes du XIXe siècle, développé ensuite par le newage. 

La possibilité métaphysique de la transmigration de la personnalité d’une incarnation à l’autre ne figure, en l’état, dans AUCUNE tradition spirituelle orientale ni occidentale. 

Le fait de pouvoir identifier formellement les noms et lieux d’incarnation de sa prochaine vie est une invention lamaïque et politique des karmapas du XIIe siècle pour garder le pouvoir au Tibet.

Qui fus-je?

En guise de conclusion, j’ai noté un point relativement amusant qui devrait nous inciter à plus de prudence et de réserve au sujet des vies antérieures.

Effectivement, quand on les écoute, la plupart des réincarné(e)s ont été forcément prêtre égyptien, guerrier atlante, lama célèbre, guérisseuse celtique, pharaon, ou même de tout autre illustre personnage, dont quelquefois on donne même le nom. Hermès, Pythagore, Apollonius de Tyane, Lao Tseu, etc. Ce qui est quand même assez cocasse quand on sait que, très probablement, ces sommités génériques n’ont peut-être même jamais existé. 

Malheureusement, je n’ai pas encore rencontré de réincarné(e) qui me dise avoir été un simple paysan ou une poissonnière sans importance dans sa dernière vie… Sans commentaire.

Les mystères alchimiques de la vie après la mort

Je n’ai fait ici que survoler les points essentiels entourant la réincarnation. 

Si vous souhaitez tout savoir sur ce sujet épineux et vous donner une chance d’y voir clair sans risquer de tomber dans les approximations du newage, vous pouvez consulter ma formation sur les mystères alchimiques de la vie après le mort.

Je vous préviens simplement qu’il vous sera nécessaire pour ce faire de mettre de côté un certain nombre d’idées reçues que vous avez peut-être sur la question. De cette manière, vous pourrez aborder sereinement les enseignements des traditions les plus authentiques en la matière, et dont j’ai retracé le contenu pour vous de façon claire et moderne.

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